L’application qui permet d’évaluer la qualité des aliments proposés en supermarché, j’ai nommé Yuka, prend de l’ampleur depuis quelques mois. Son usage s’est largement démocratisé et nous sommes maintenant plus de 10 millions à l’avoir sur notre téléphone en France.

En septembre dernier, Yuka a commandé une enquête indépendante pour mesurer l’impact de l’application, et les résultats sont impressionnants pour une marque aussi récente :
– 94% des utilisateurs ont arrêté d’acheter certains produits depuis qu’ils utilisent l’application
– 83% des utilisateurs déclarent acheter moins de produits mais de meilleure qualité
– 84% des utilisateurs achètent plus de produits bruts
Il y a donc un fort impact potentiel sur les ventes de produits qui ne sont pas considérés comme « bons » par l’application. Et on voit déjà les premiers effets apparaître du côté des industriels, qui avouent eux-même revoir la composition de certains produits afin d’être être mieux notés par l’application. Par exemple Thierry Cotillard, le président d’Intermarché a déclaré : « Yuka est une tendance de fond, il est donc essentiel pour nous d’être proactifs pour avoir les produits les mieux notés possibles. C’est pourquoi nous allons reformuler 900 de nos recettes en supprimant 142 additifs. » Ca bouge. Enfin.
Un grand pouvoir impliquant de grandes responsabilités, les critiques autour de l’application commencent à fuser, remettant notamment en cause le système de notation (chez Quoi dans mon Assiette, ou l’ADN par exemple).
Alors doit-on vraiment faire confiance pour nous guider dans l’achat de nos produits alimentaires ?
Voilà comment Yuka analyse les produits alimentaires :
– 60% de la note correspond à la qualité nutritionnelle, basée sur les données du Nutriscore en fonction de la teneur en calories, sucre, sel, graisses saturées, protéines, fibres, fruits et légumes.
– 30% correspond à la présence d’additifs selon leur risque sur la santé et d’après un certain nombre d’études récentes.
– les 10% restants sont attribués si l’aliment est bio
Alors, oui, c’est un parti pris. Est-ce judicieux de prendre en compte le bio ? Le Nutriscore et les études sur la dangerosité des additifs sont-ils fiables ? Pourquoi cette répartition 60-30-10 ? Il est légitime de questionner la méthode, mais à partir du moment où on attribue une note, il est inévitable de prendre parti pour établir un barème. Ce parti pourra sembler juste à certains et peut-être injuste à d’autres, mais au moins il est annoncé clairement dès le départ. Les critères de notation sont disponibles sur le site de Yuka.
Je trouve que le procès qui est fait à cette application est d’une part très sévère, mais en plus particulièrement injustifié. Pour une fois que nous avons accès (gratuitement !) à un service complètement indépendant, qui nous donne un vrai pouvoir en tant que consommateurs et qui force les industriels à revoir leur copie, on ne peut que se réjouir. La méthode de notation est peut-être discutable, mais le résultat c’est que les Français tendent à mieux manger, et par extension à être en meilleure santé, et n’est-ce pas là le plus important ?
Je rappelle que Yuka est 100% indépendant (pas de sponsoring, pas de pub, pas d’aide gouvernementale), ils ont changé la façon de consommer de beaucoup de gens, et gagné de magnifiques batailles face aux industriels qui ne se préoccupaient pas tellement de notre santé jusqu’à présent. Pour les soutenir vous pouvez acheter leur calendrier des fruits et légumes de saison, qui est d’ailleurs très pratique pour cuisiner. Je précise qu’ils ne me payent évidemment pas pour faire cet article, je n’ai d’ailleurs aucun contact avec eux, mais vous l’aurez compris je suis Team Yuka parce que personne n’a jamais aussi bien démocratisé le bien manger avant eux.